Projet de loi vigilance sanitaire - Discussion générale - séance du 3 novembre 2021
L’exécutif est complètement accroc. Il faut vous désintoxiquer de l’Etat d’urgence et des mesures d’ordre public, de tous ces outils exorbitants du droit commun, de ce régime d’exception.
Retranchés derrière ces facilités, vous en oubliez que la démocratie n’est pas un décorum, un truc en plus, c’est une nécessité. Vous êtes comme un enfant devant son jeu vidéo, et il va falloir lâcher les manettes. Nous devons en finir au plus vite avec ces limitations des libertés fondamentales, avec cette surveillance et ce contrôle généralisé de tous par tous. D’autant plus qu’à chaque fois, vous sortez une nouveauté, cette fois-ci en organisant un contrôle de l’état vaccinal par les directeurs d’école.
Alors certes, le Sénat a tenté, vaine entreprise, d'adoucir votre version en limitant la prorogation des mesures d'exception au 28 février 2022. Vous avez balayé cette proposition d'un revers de main hier en commission et rétabli la date du 31 juillet.
Et aujourd’hui, à l’Assemblée nationale, après le vote d’une dizaine de textes relatifs à la gestion de la crise sanitaire, nous ne pouvons pas plus accepter qu’un tel régime d’exception soit prorogé en dépit des alertes d’un très grand nombre d’acteurs, des clivages, des tensions. Et sans que vous ne sachiez préciser ce qu’on pourrait attendre comme effets de ces mesures désormais, et sans mesurer le rapport bénéfice-risque social. En somme, comme certains font les choses parce qu’ils les ont toujours faites, vous prenez ces mesures parce que vous les avez déjà prises. Et au fond pourquoi s’en priver, qui plus est en période électorale, et en s’évitant justement d’en discuter ici-même pendant cette même période. Ainsi, le Parlement est un clou et l’exécutif continue à taper dessus avec l’assentiment de la majorité. Il y en a plus qu’assez de cette gestion verrouillée et verticale du pays, avec un Président sûr de son fait et jaloux de son autorité, qui délivre ses sentences définitives. C’est clairement un frein à la relance sociale, culturelle, démocratique dont vous faites peu de cas et le fond de l’air très frais s’en ressent, ça commence à sentir dangereusement le renfermé.
La pandémie a mis notre hôpital, notre système de santé et — notre — nos sociétés à rude épreuve. Nous n’avons rien oublié de l’état de fragilité si ce n’est de dénuement dans lequel nous nous sommes trouvés au moment où le virus a surgi, nous n’avons rien oublié de vos choix consistant à continuer sur cette trajectoire, l’épreuve aggravant encore les fractures, les inégalités, l’affaiblissement des services publics et la domination de grandes multinationales. Décidés que vous êtes à maintenir notre pays dans un état d’asphyxie démocratique, vous ne voulez rien que votre projet initial. Comment pourrions-nous vous délier les mains, encore et toujours ? La maison ne vous fait pas crédit.
Nous ne sommes pas encore sortis de cette période de crise sanitaire. Mais nous y avons beaucoup appris et vous devriez chercher à tirer les leçons et le bénéfice de cet acquis, tout en agissant afin de conforter encore le niveau de conscience pour placer notre peuple en situation de se mobiliser pleinement. Mais une fois encore, vous choisissez le contrôle, l’infantilisation, le chantage.
Il y avait d’autres voies pour convaincre de la nécessité du vaccin.
Vous ne répondez pas aux questions : jusqu’à quand le pass sanitaire, jusqu’à quand les suspensions des agents et salariés, et dans quel but, pour quels objectifs ? Et j’ajoute : jusqu’à quand les profits hallucinants des grands labos ? Nous sommes entrés dans une nouvelle phase de lutte contre la pandémie que vous n’appréhendez pas, en ne disant rien de plus en matière de promotion de la santé et de prévention, en matière de lutte contre les inégalités territoriales et sociales, en matière de traitements et de leur utilisation, par exemple.
Le confort que vous procure cet enfermement dans le recours aux ordonnances, aux privations de liberté, vous empêche de mobiliser tous les moyens nécessaires et de rassembler notre peuple. Vous avez mangé trop d’ordonnances, et depuis longtemps, il faut maintenant arrêter.
Sans en être surpris, comment ne pas regretter que la majorité mette un point d’honneur à vous obéir... A moins que les résultats extrêmement serrés du scrutin en première lecture et la mobilisation poussive des députés en marche ne témoignent d’un malaise. Auquel cas, c’est désormais le moment où jamais de vraiment sortir du bois et des sentiers balisés.
Nous refusons de signer un chèque en blanc à des spécialistes du chèque en bois. Nous refusons de banaliser ces atteintes à la démocratie et ces arrangements avec les libertés. A fortiori en cette période de grande explication nationale de la présidentielle et des législatives.
Resaisissez-vous, reprenez-vous, et reprenez votre projet avec.
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