Les enfants des 800 classes engagées dans la démarche de la 24ème édition du Parlement des enfants, ont travaillé à la promotion de l’égalité entre les femmes et les hommes. Des propositions de progrès dans tous les domaines de la société ont vu le jour, elles mériteraient d’être examinées au sein du parlement. La classe de l’école de Canto‑Perdrix 2 à Martigues, a, quant à elle, décidé de travailler à une proposition visant à renforcer l’égalité entre les femmes et les hommes dans le sport.
Dans tous les champs de la société, les inégalités entre les femmes et les hommes sont encore très prégnantes. Fruits d’une domination patriarcale tenace, elles structurent les rapports sociaux.
C’est particulièrement frappant dans la vie professionnelle. Les femmes constituent 82 % des salariés à temps partiel et pour nombre d’entre elles, il s’agit d’une situation subie. Elles connaissent plus souvent la précarité et sont nettement moins représentées dans les postes à responsabilité. Elles gagnent 26 % de moins que les hommes et, encore 10 % à poste équivalent. Ce sont des injustices insupportables.
Le sport est également un champ dans lequel les discriminations sont installées. Et elles y sont installées de façon à ce point visible que les enfants s’en sont emparés pour les faire disparaître.
L’Insee a publié en 2017 une enquête sur les pratiques physiques et sportives des Françaises et des Français. L’enquête révèle des inégalités persistantes entre femmes et hommes, tant pour le temps consacré au sport, que pour les disciplines pratiquées.
Mais l’activité sportive révèle des inégalités de genre, notamment chez les jeunes. 33 % des femmes de 16 à 24 ans pratiquent une activité une fois par semaine, soit 12 points de moins que chez les hommes. Un écart qui s’explique par le travail « domestique » qui repose plus souvent sur leurs épaules, mais aussi par la persistance de certains stéréotypes : une personne sur deux considère encore que « certains sports conviennent mieux aux garçons qu’aux filles », selon l’Insee. Ainsi, les femmes sont très peu représentées dans les sports collectifs ou de raquette, alors qu’elles sont ultra‑majoritaires en danse et en gymnastique.
Cette persistance de stéréotypes est en partie la conséquence d’un déficit de médiatisation du sport féminin : moins de 20 % du volume horaire des retransmissions à la télévision en 2016. Une augmentation de ce taux de retransmission serait pourtant susceptible de faire progresser une passion partagée pour le sport.
Certaines et certains athlètes décident de faire de leur pratique sportive, un métier. Le sport ne fait pas exception à la règle, les écarts de salaires y sont également présents.
En basketball, handball, golf ou encore volley‑ball, ces distinctions existent toujours : les hommes reçoivent chaque mois un salaire jusque quatre fois supérieur à celui de leurs homologues féminines.
En rugby, l’immense majorité des joueuses sont contraintes à en rester au statut d’amateures. Seules 24 joueuses du groupe France bénéficient d’un contrat fédéral à mi‑temps, et donc d’un statut semi‑professionnel et d’un petit salaire qui leur permet de ne travailler que 20 heures par semaine en plus de leurs entraînements.
Agir contre les discriminations dans le sport, c’est aussi permettre aux filles et aux garçons dès leur plus jeune âge d’être sur les mêmes terrains comme en athlétisme ou en gymnastique. Pratiquer ensemble le sport se travaille dès le plus jeune âge.
Par‑delà les dérives que peut connaître le sport professionnel lorsqu’il est par trop investi par les logiques d’argent et les difficultés que peut connaître le sport amateur lorsqu’il manque de soutien public, le tableau est sexiste : il montre l’organisation d’un sport de la lumière et d’un sport de l’ombre, la distinction de compétitions nobles et de pratiques banalisées, l’existence de sportifs reconnus et de sportives méconnues. Si le sport lui même réplique cette domination masculine, alors il n’est pas vraiment ce qu’il devrait être. La pratique du sport par les femmes mérite des politiques offensives et appelle un engagement du mouvement sportif et de la société qui déjà se manifeste.
La pratique du sport constitue un bon baromètre du niveau de l’égalité dans une société. Étant entendu que le sport est un moteur d’émancipation, contribue à la construction de la personnalité, donne confiance en soi, ou enseigne l’esprit d’équipe et bien d’autres choses encore, s’il porte haut l’exigence de l’égalité entre les femmes et les hommes, cela est de nature à contribuer à la faire progresser partout, bien au‑delà de lui‑même.
Le sport est aussi marqué par une lente évolution des mentalités et de la société. En 2024, la France accueillera les jeux olympiques. Dans ce cadre, notre pays doit être précurseur dans les mesures prises pour contribuer à lutter contre les stéréotypes dans tous les sports.
C’est pourquoi nous ne pouvons que nous réjouir de porter au débat cette proposition de loi écrite par des enfants pour faire avancer l’égalité et les droits des femmes.
Chaque droit nouveau acquis par et pour les femmes contribue à un recul des dominations, à de nouvelles avancées de civilisation.
Téléchargez la proposition de loi