Lettre à M. Bruno LE MAIRE, ministre de l'économie et des finances - 20/11/2017
A deux reprises depuis la rentrée, je vous ai alerté sur la situation de l’entreprise Ascométal qui possède plusieurs sites de production en France dans le domaine de la sidérurgie.
Dans le Golfe de Fos, cette entreprise produit des aciers technologiques répondant à de nombreux besoins. En mai 2014, Ascométal faisait l’objet d’une reprise, ce qui avait permis à l’époque de conserver tous les sites et la quasi-totalité. des emplois, avec l’appui des syndicats et des salariés. La fragilité du montage financier avait conduit les organisations syndicales à revendiquer une aide de l’Etat, qui avait été accordée à hauteur de 35 millions d’euros. Il ne s’agissait pas d’un montage hasardeux, mais bien d’un projet industriel comme Ascométal n’en avait pas connu les années précédentes. En effet, des fonds de pension avaient capté plusieurs dizaines de millions d’euros par an sans assumer pleinement leurs responsabilités. Partant de là, et face à une dégradation de la conjoncture, les quatre années qui viennent de s’écouler n’ont pas permis de dégager la capacité d’autofinancement attendue. Face aux difficultés, des actifs ont été vendus, des outils placés en leasing et des plans d’économie et de suppressions d’emplois ont été mis en oeuvre. L’entreprise se trouve aujourd’hui dans une difficulté. accrue. par des problèmes de trésorerie.
La décision de placer l’entreprise, les outils et les emplois sous la protection du tribunal doit conduire à agir dans les meilleurs délais pour sortir de l’incertitude et donner un avenir aux sites concernés dans notre pays. J’attire votre attention sur la situation de certains sous-traitants décisifs qui pourraient se trouver eux-aussi dans la difficulté rapidement en raison des créances qu’ils espéraient recouvrer.
Il semblerait qu’Ascométal ait reçu des marques d’intérêt d’au moins 3 industriels. L’Etat ne peut se désintéresser de cette situation. Les investissements produits ces dernières années lui confèrent une responsabilité et même des droits.
La sidérurgie française doit être soutenue. Dans le port de Fos, site remarquablement situé, l’usine d’Ascométal est performante, elle s’appuie sur un savoir-faire notoire et elle s’inscrit dans des projets de territoire cohérents visant notamment à développer l’économie circulaire. Un projet de construction d’une coulée continue permettant de se tourner pleinement vers l’avenir doit être mis en oeuvre.
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Pour sauvegarder une entreprise le temps de stabiliser une situation face à des offensives concurrentes et à des velléités de réorganisation de la production contraire aux intérêts de notre pays et de la planète, la questions est posée de prises de participation de l’Etat, et même de nationalisation, ne serait-ce que temporaire.
Je souhaiterais, Monsieur le Ministre, connaître les intentions du gouvernement.
Soyez assuré de pouvoir compter sur mon engagement déterminé afin de défendre l’outil industriel et les emplois de cette entreprise. Je me tiens à votre disposition, comme je vous l’ai déjà indiqué et vous rappelle la demande de rendez-vous qui vous a été adressée par les organisations syndicales.