Ce matin, j’ai pu interpeller le gouvernement sur la situation des pêcheurs de la région, dont les aides liées à la crise risquent d’être trop faibles pour leur permettre de passer correctement la vague. En effet, l’année 2019 avait été difficile et si c’est elle qui sert de base aux calculs, 2020 le sera plus encore… Autre intervention encore : une habitante de la circonscription, m’a interpellé, et plusieurs autres à sa suite, sur la situation des chevaux dont les propriétaires se voient interdire la visite dans le cadre du confinement. C’est un problème, parce que toutes les structures d’accueil ne sont pas en mesure de prodiguer les soins à la place des maîtres. Cette cavalière s’inquiète parce que son cheval a un début d’arthrite au jarret et qu’il est asthmatique, ce qui nécessite des dispositions particulières, m’apprend-elle, pour ne pas risquer une crise d’emphysème, qui détruirait ses alvéoles pulmonaires de façon irréversible. Dans une certaine mesure, le déplacement d’un propriétaire pour s’occuper de son cheval ne saurait être considéré comme un loisir dispensable : il prend soin d’un être vivant sensible à l’égard duquel il a une responsabilité.
Par ailleurs, les problèmes de masques continuent de me remonter : les infirmières libérales de Port-saint-Louis, organisées en groupement, ont demandé des masques FFP2 et elles ont fini par recevoir de la part de l’Agence régionale de santé des masques périmés depuis plusieurs années. Imaginez un instant leur sentiment. L’engagement demandé à nos personnels soignants et dont ils ne sont pas avares appelle une puissance publique à la hauteur. Selon l’estimation approximative du site actusoins.com, 3000 personnels soignants auraient été contaminés. Et selon Médiapart, les annonces en termes de livraison ne seraient atteintes qu’à 50%, tandis que plusieurs entreprises auraient proposé leurs services au gouvernement : un importateur explique qu’il aurait été capable de livrer 20 millions de masques FFP2 par mois si on avait donné suite à sa proposition dans la première quinzaine de mars. Au rythme actuel, il semble qu’il faudrait deux ans pour acheminer les deux millions de masques promis… Pour la suite, reste à savoir comment seront contrôlés les masques, qui sont des dispositifs médicaux, puisqu’il semble qu’on ne sache plus que faire des contrôles règlementaires avec la pression de la pénurie.
Deux déclarations ont attiré mon attention. Celle de Bruno Le Maire, qui a déclaré sur Europe 1 : « Je ne promets rien d’autre que du travail et des efforts à la sortie de la crise. » Et de préciser : « Ce choix que nous faisons du financement par la dette, c’est un choix responsable, c’est un choix nécessaire, mais ça ne peut être qu’un choix provisoire. A la sortie de cette crise, il faudra faire des efforts, le redressement sera long et il passera par le désendettement du pays. » On connaît déjà, ça, non ? Demandez au hospitaliers, qui « sont à fond » et « ne comptent pas leur temps », comme le raconte Yves Castino dans les colonnes de La Marseillaise, s’ils connaissent les efforts pour désendetter le pays… « On veut des salaires décents, clame le secrétaire du syndicat CGT de La Timone. On ne veut pas des remerciements des flatteries, on veut des budgets, des moyens financiers ».
Au-delà, le gouvernement a déjà commencé à toucher au droit du travail par les ordonnances de l’état d’urgence et la petite musique continue, la même qui nous a conduits dans le mur avec pertes et fracas. On va donc nous demander de passer à la caisse pour rembourser le plus vite possible, sans toucher aux richesses accumulées par quelques uns pour le malheur des autres ? Les efforts, le monde du travail les a toujours faits plus qu’à son tour, et ce n’est pas en augmentant la régression sociale qu’on sortira de la crise. Je m’inquiète pour rien ? Le président du MEDEF, Geoffroy Roux de Bézieux s’est chargé de son côté du sous-titrage dans un entretien au Figaro intitulé : « La reprise, c’est maintenant ». Un bien beau programme, puisqu’il appelle à reprendre dès maintenant « en respectant bien entendu les règles sanitaires de sécurité pour les salariés » : chacun sait que les conditions en sont créées. Pour lui, si « l’important, c’est de remettre la machine économique en marche et de reproduire de la richesse en masse, pour tenter d’effacer, dès 2021, les pertes de croissance de 2020 », « ensuite, il faudra bien se poser la question tôt ou tard du temps de travail, des jours fériés et des congés payés pour accompagner la reprise et faciliter, en travaillant un peu plus, la création de croissance supplémentaire. »
Quand on vous dit que certains préparent la relance et qu’il faut s’en occuper si on ne veut pas que ce soit pire qu’avant… Interrogé sur des prises de participations de l’Etat, il explique que « l’argent public ne doit aller que là où l’argent privé fait défaut ». Et précise la nécessité que « l’État, qui n’a guère démontré qu’il était sur le long terme un bon gestionnaire, sache se retirer le moment venu ». Alors, c’est sûr que les actionnaires ont montré, eux qu’ils étaient bons gestionnaires… On en a encore moult exemples dans la crise avec ces entreprises nécessaires qui n’existent plus. L’Etat (c’est nous) doit payer son tribut quand les vaches sont maigres et laisser les intérêts privés se faire du gras quand ça va bien. Il y a bien un affrontement qui se poursuit entre le monde de la finance et le monde du travail sur la question de la relance. On ne voudrait pas, par hasard, nous faire payer la note de la crise au rythme d’un retour à marche forcée vers un haut-niveau de rentabilité du capital ? On nous aurait pas pris pour des hamsters ? Ce n’est pas au MEDEF de poser les conditions. Niveau efforts, on se rappellera que ceux qui ont été consentis à la Libération pour reconstruire un pays en ruines et sous cloche pendant plusieurs années, l’ont été dans une dynamique de conquêtes sociales. Je promets donc à mon tour… qu’on ne va pas se laisser faire !
Il y a en germe dans cette épreuve des pousses pour un avenir meilleur.
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