Courrier à Bruno Le Maire,
Ministre de l'économie et des finances
Monsieur le Ministre,
La pandémie qui secoue le monde et l’Europe commence à faire sentir ses conséquences sur l’activité économique. Lors de son Comité social et économique du 20 mars 2020, la direction du site ArcelorMittal de Fos-sur-Mer a annoncé l’arrêt de la production sur place, faute de commandes. La situation, en constante évolution, avait déjà amené à des mesures progressives dans l’organisation du travail, ces derniers jours.
Cette décision majeure n’est cependant pas sans déclencher des interrogations.
Nous pensons tout d’abord aux salariés. Celles et ceux qui vont devoir procéder aux opérations, afin que cela se fasse dans le respect des consignes sanitaires, en lien avec les organisations syndicales et nous nous tenons à disposition en cas de besoin particulier. Celles et ceux qui vont être placés en chômage partiel, pour lequel des dispositions d’ordre public spécifiques et significatives sont décidées, espérant que les décisions de l’entreprise leur permettront de bénéficier de 100% de leurs revenus dans la période. Celles et ceux qui oeuvrent chez des sous-traitants, afin que des discussions soient engagées afin de prendre en considération leur situation. Comment la DIRECCTE est-elle saisie de ces enjeux ?
Ensuite, la mise en sécurité des installations appelle un protocole extrêmement minutieux, dans le respect des préconisations sanitaires du moment, afin que la reprise d’activité puisse se faire dans les meilleures conditions. Nous savons que les équipes locales y travaillent et pensons nécessaire de s’assurer du plein soutien du groupe dans cette démarche. Par ailleurs, j’imagine que la DREAL suit le processus.
Enfin, le travail de prospective et de projection dans l’avenir semble également être interrompu. Le confinement oblige arrêter un certain nombre de tâches non indispensables, mais nous pensons que le redémarrage du site, et les conditions de celui-ci doivent faire l’objet d’une réelle anticipation, qui doit pouvoir se faire sous des formes adaptées à la situation. Nous nous étonnons de ne pas voir apparaître cet enjeu dans la communication du groupe.
Les événements vont affecter un certain nombre de plans, de toute évidence. Pour autant, l’outil industriel de Fos-sur-Mer, est précieux pour faire face aux besoins d’acier. Ce ralentissement économique et cet arrêt ne peuvent-ils pas être mis à profit pour en penser les aménagements et améliorations nécessaires et leur mise en place lorsque les conditions sanitaires en seront créées ?
Le gouvernement envisage-t-il des dispositifs particuliers pour stabiliser la situation de nos industries. La tentation d’en profiter pour réorganiser les filières peut rapidement s’inviter dans la partie, alors que la guerre économique se poursuit, avec la crise comme accélérateur. De toute évidence, de surcroît avec les décalages dans le temps de la crise sanitaire selon les pays, il sera nécessaire d’imposer une régulation, sans doute à l’échelle européenne, pour protéger les capacités de production, les savoir-faire, les emplois, les ressources. Ces événements vont précipiter un certain nombre de changements et ils peuvent être l’occasion de repenser nos besoins, nos modes de production et de consommation. Pour autant, l’industrie lourde est un atout dont notre pays ne pourra pas se passer pour construire sa relance. Dans ce contexte, le recours à des nationalisations ou à des prises de participations, sujet qui n’a jamais cessé d’être à l’ordre du jour dans la sidérurgie, doit pouvoir être mobilisé en fonction de la situation.
Je souhaite, Monsieur le Ministre attirer l’attention du gouvernement sur ces enjeux cruciaux, à propos desquels lesquels je me tiens, avec les élus locaux, à votre disposition.
Veuillez croire, Monsieur le Ministre, à l'assurance de mes sentiments les meilleurs.
Pierre DHARRÉVILLE
Député des Bouches du Rhône