Le déconfinement sera un combat. Le jour d’après sera un combat. Un combat contre le virus, un combat contre la crise qui va nous agripper, un combat contre les forces de l’argent qui espèrent étendre leur empire, un combat contre nous-mêmes avec nos habitudes et nos insuffisances.
Muriel Pénicaud était auditionnée aujourd’hui par la mission Covid, dont je suis membre. Au passage, nous attendons toujours que soient auditionnées les organisations syndicales, mais bon... En attendant, la stratégie de déconfinement du gouvernement apparaît au moins aussi illisible que sa stratégie de confinement, et c’est là une forme de cohérence. Il semble que d’ores et déjà, sans attendre la date du 11 mai et sans que les choses ne soient précisées, des activités soient encouragées à redémarrer. La question est posée de la reconnaissance de la cause professionnelle de la maladie lorsque des personnes ayant exercé leur métier pendant le confinement, notamment en étant en contact avec du public. Au passage, là où il y a de l’activité, les organisations syndicales doivent être autorisées à intervenir. Et les tribunaux de prud’hommes doivent pouvoir juger les affaires urgentes. Le message du gouvernement sur les activités à poursuivre pour réussir le confinement et celles à arrêter n’a jamais été clair. J’ai donc demandé des comptes à la ministre sur le contrôle des conditions de travail : il paraît que les inspecteurs du travail se sont vus demander de mettre la pédale douce et même dissuader d’opérer des contrôles inopinés. Et j’ai protesté contre la mise à pied d’Anthony Smith, inspecteur du travail de la Marne pour avoir demandé des protections supplémentaires à un employeur. Nous avons besoin de contrôle également sur l’utilisation du chômage partiel (au passage, les dividendes demeurent très à la mode, par exemple chez Vivendi, PSA, Véolia, Plastic Omnium ou Michelin, selon Maxime Combes, d’Attac assure une recension). Je continue de demander la prise en charge à 100% du salaire jusqu’à deux SMIC pour le chômage partiel. Mais pour faire face à la crise et aux nécessités d’accélérer la transition écologique, nous devons imaginer un dispositif plus performant et sécurisant que le chômage partiel ou total, avec un contrat de professionnalisation de nouvelle génération.
Bel échange avec le directeur de pôle emploi du secteur. Pour faire face et éviter les ruptures de droits, les agents se sont mobilisés et ils vont sans doute avoir fort à faire dans la période qui vient pour accompagner celles et ceux qui seront privés d’emploi. On voit déjà arriver des salariés intérimaires qui subissent le contrecoup des baisses d’activité dans l’industrie. J’ai eu à répondre à de nombreux journalistes sur la situation d’Arcelor. Une équipe de France 3 s’est déplacée sur les lieux. C’est une bonne chose que la presse en parle.
Un mot de l’annonce du dépôt de bilan de Presstalis, l’entreprise coopérative qui assure la distribution des journaux dans le pays. Dans une époque où la presse est particulièrement fragilisée, cette situation résulte d’une volonté de certains propriétaires de presse de ne plus partager ce service mutualisé de distribution permettant de garantir le pluralisme. Profiter de la crise actuelle pour accélérer la liquidation est profondément choquant. Il y a urgence à garantir la continuité de la distribution, à assurer le maintien des emplois, à soutenir les marchands de journaux, et à débloquer une aide particulière pour les quotidiens nationaux et régionaux. (Lire mon courrier à Franck Riester, Ministre de la culture)
L’audition des départements de France et de la Caisse nationale de solidarité pour l’autonomie, a confirmé la nécessité de prendre de grandes décisions en faveur des EHPAD et plus largement du soutien à l’autonomie. Beaucoup a été déployé pour y pallier dans des situations difficiles pour le personnel. La commission des affaires sociales auditionnait également aujourd’hui... les membres de la commission des affaires sociales qui sont retournés au turbin pour aider à faire face à la crise sanitaire. Sans rien enlever à leur geste, parce que soigner est un engagement profondément humain, j’avais décidé d’être quand même un peu désagréable et de demander aux députés de la majorité, dans un petit tacle glissé : est-ce que vous êtes satisfaits des budgets de compression que vous avez voté et des suppressions, restructurations, chantages au Copermo et tutti quanti ? Parce que quand même...
Les crises qui s’emboîtent ne déboucheront pas mécaniquement sur les bons changements : il va falloir s’en occuper. Il faut déjà s’en occuper.