Journée d’auditions. Enfin des organisation syndicales, celles du secteur des EHPAD, entendues par le bureau de la commission des affaires sociales. Grande unanimité sur le diagnostic d’un secteur déjà en crise aiguë : salariés, directions, médecins coordinateurs... J’ai entendu parler d’un « sentiment de terreur » devant la vague annoncée, de « désamour du métier », de l’exigence de « ne plus décevoir les personnels », de la nécessité de créer 24000 postes par an pendant 5 ans... Propos entendus : « je suis très angoissée quand je rentre chez moi » ; « nous ne pouvons plus les stimuler pour travailler leur autonomie, on fait tout à leur place » ; « Le personnel mérite mieux que la compassion » ; « on ne peut pas se limiter à agir pour la santé physique »... Nous avons appris qu’il a fallu un mois pour que le gouvernement réponde aux interrogations des gestionnaires d’établissements. On peut vanter les mérites d’un personnel formidable, c’est même la première chose à dire parce qu’ils se débattent dans des difficultés abyssales au quotidien, mais il y a de quoi être en colère. Et cette situation ne peut pas durer. Elle appelle une vigilance exceptionnelle pour la santé au travail. Elle appelle aussi un plan d’action rapide : revalorisation, embauche, formation, investissement. Alors voir Korian annoncer le versement de 54 millions de dividendes, dans ce contexte, ça réveille en moi des choses qui n’étaient pas endormies... Quelle obscénité ! Une grande loi pour l’autonomie est une urgence qui ne doit plus être repoussée. Peut-être qu’à la faveur de ce drame, le regard sur l’âge a été transformé.
La mission Covid-19 a consacré ses travaux du jour à la recherche. Pourquoi a-t-on tant tardé à entendre les alertes ? La retard pris, et notamment sur la recherche fondamentale, ne se rattrape pas en un claquement de doigts. Il faut s’assurer que l’argent public versé à des structures privées pour faire face à la crise ne débouchera pas sur des résultats privatisés et des dividendes augmentés. J’ai demandé la transparence sur la ventilation des crédits. Toujours est-il que l’enjeu est plutôt en train de rassembler les chercheurs, à ce que j’en perçois, en appelant des synergies pour obtenir le plus vite possible des résultats tangibles. On s’impatiente aussi, c’est peu de le dire, de voir arriver les résultats d’essais cliniques, notamment pour ce qui concerne le traitement du professeur Raoult... Et j’ai interrogé la ministre sur ce sujet sans obtenir de réponses.
Le déconfinement conditionne la relance et la relance conditionne le monde qui vient. Il faut plus qu’une déclaration du Premier ministre pour construire cela. Et le plan du gouvernement continue de soulever la perplexité. L’inquiétude monte dans les transports en commun comme à l’école. Et s’il se confirme qu’à partir du 1er juin, une attestation de l’école indiquant qu’elle ne peut accueillir les élèves sera nécessaire pour accéder au chômage partiel, alors franchement, c’est du grand n’importe quoi. Voilà la ganache du volontariat ! Ah il a belle figure ! Non seulement c’est un problème parce que l’école en sécurité n’est pas une option : soit on crée les conditions adaptées pour toutes et pour tous, même chacune et chacun à son tour, avec un projet éducatif recalibré, soit on ne les ouvre pas. Mais si en plus le volontariat est pipé, on dégringole encore d’un étage. Cela ne marche pas !
J’ai l’impression que le gouvernement est en train de vouloir rétracter ses dispositifs, au moment où la crise va peser de tout son poids. Le directeur d’un théâtre m’informe que les équipements culturels en gestion associative ainsi que les établissements publics industriels et commerciaux se verraient exclus du dispositif d’activité partielle avec effet rétroactif, malgré les autorisations. Cela aura des conséquences dramatiques en cascade. On n’est pas sûr de beaucoup apprécier le bout du tunnel...
Comme je l’avais déjà fait, je suis intervenu en début de semaine à plusieurs reprises pour la réouverture des marchés réunissant les conditions sanitaires suffisantes, notamment pour écouler la production locale. Un agriculteur de Saint-Mitre m’avait alerté, m’informant qu’il avait lancé une pétition sur le sujet. Il semblerait que des dossiers puissent être réexaminés favorablement.
J’ai obtenu ces derniers jours une réponse du Préfet sur la situation de la pêche. A travers le Fonds européen pour les affaires maritimes et la pêche, « une attention particulière sera portée à l'accès au dispositif des pêcheurs artisanaux du département » et un plan social particulier a été discuté avec le ministère ouvrant la possibilité de report d'échéances sociales et fiscales jusqu'à trois mois sans pénalité, la possibilité de suspension de certaines factures d'eau, de gaz, d'électricité et de loyers dans le cadre d'un geste demandé aux bailleurs et aux fournisseurs d'énergie. Affaire à suivre.
Je termine par une grande tristesse, le grand départ de Michel Caciotti, grand résistant bien connu dans nos collèges et lycées. Michel était un roc. Sa pugnacité n’avait d’égale que sa gentillesse. Il est de ceux qui ont construit de leurs mains nos grandes conquêtes sociales et ont cherché à les faire vivre. La sécurité sociale, en premier lieu. Porté par ses idéaux communistes, Michel était un militant, un homme de convictions, un homme toujours en réflexion sur le monde en mouvement, un homme attachant et espiègle. Il consacrait une partie de son temps à nous rapprocher de l’histoire, à éveiller les consciences en faisant oeuvre de mémoire. Celles et ceux qui ont pu le rencontrer ont été marqués par son témoignage d’humanité. Michel va nous manquer. Il a beaucoup semé.