Quelques minutes avant l’audition de la ministre de la transition écologique par la mission Covid-19, j’ai reçu un message de la Présidence m’indiquant que « Le président de la mission vous précise qu’il souhaite que le temps de chaque question ne dépasse pas une minute », contre deux auparavant.
On voit que le Parlement a les moyens de peser face à l’exécutif. Je me suis exécuté à contrecoeur, choisissant le style télégraphique qu’on voit dans les albums de Lucky Luke pour montrer le ridicule de la situation. C’est vraiment lamentable ! Mais je lui ai posé cette question simple : est-ce que la relance économique, et notamment industrielle, sera une relance sociale et écologique ? Ou bien est-ce que la planète va en prendre plein les naseaux ? Est ce nous allons reporter la transition écologique ou saisir la balle au bond pour l’accélérer ? Avant le virus, il y avait besoin d’investissements massifs. C’est toujours vrai après. Mais les grandes multinationales lui demandent de desserrer l’étau, et le gouvernement a refusé de conditionner les aides publiques. Or il faut considérer que nous avons deux problèmes, celui de la crise que vient précipiter la pandémie, qui est un problème pas seulement économique, mais aussi social, et celui de la transition écologique. Nous ne pouvons pas choisir, arbitrer entre les deux. Mais nous sommes placés devant une obligation : couper le robinet de la finance et rendre les ressources utiles à affronter ces deux défis. C’est pourquoi il est indispensable de constituer un fonds stratégique pour une relance industrielle écologique et sociale permettant à l’Etat d’intervenir pour accélérer la transition écologique, financé sur les dividendes. Cela permettrait de préserver l’outil industriel en le transformant et de relocaliser des productions. Il faut imaginer une réforme qui transforme le dispositif d’activité partielle en outil de sécurisation des emplois permettant aux salariés de se former pour accompagner la transition. Un haut-conseil en charge d’orienter la relance pourrait superviser tout cela.
Voir la vidéo de la question : https://vimeo.com/415240000
Je prends l’exemple de l’acier, production stratégique. Si nous n’agissons pas, nous allons augmenter massivement nos importations à un coût social et environnemental insupportable. Or, nous aurons besoin d’acier si nous voulons développer l’offre de transports ferroviaires pour le frêt et les voyageurs et cela va nous demander un effort d’autant plus important que le repli sur des modes de transports individuels guette.
C’est pour cela que j’ai rendu public aujourd’hui un courrier adressé au ministre de l’économie avec l’ensemble des maires de la circonscription et la Présidente de la Métropole et du Conseil départemental, appelant à la tenue d’une table ronde sur l’avenir du site ArcelorMittal de Fos-sur-Mer. C’est un événement que ces élus de diverses sensibilités se rassemblent pour dire leur préoccupation et leur disponibilité. J’appelle les pouvoirs publics à prendre cette demande, que nous avions déjà formulée avec Jean Hetsch, le maire de Fos voici quelques semaines et qui trouve un écho chez les organisations syndicales, au sérieux.
Lors d’une réunion avec le Préfet, je viens également de mettre le sujet sur la table, en demandant quelles étaient les mesures prises par les services de l’Etat en matière de santé et sécurité des conditions de travail et de police environnementale.
La relance est notre affaire, elle doit être notre affaire.
Elle ne peut se faire au fil de l’eau, l’air de rien, sans être pensée, orientée, accompagnée. Ce n’est pas au marché de décider : il en va de nos vies et de nos territoires. C’est contre cela qu’il nous faut lutter maintenant : une rivière qui rentrerait dans son lit sans avoir tiré aucune leçon de ses débordements, sans panser les cicatrices de sa crue, sans maîtriser sa trajectoire, sans imaginer la couleur de la mer.