Journées tourbillonnantes. La ville est froide, aujourd’hui, comme recouverte d’une ombre sans cigales. Pourtant, le temps a recommencé à s’accélérer. L’après-midi se termine et je commence à peine cette chronique du jour. Il faut s’y tenir, au risque qu’elle soit un peu décousue.
Préoccupation pour quelques grosses entreprises industrielles du port, leurs sous-traitants. Et leurs salariés. Discussions avec des responsables syndicaux, avec Jean Hetsch (le maire de Fos), des directions d’entreprises, le Préfet, ou encore le délégué interministériel qui m’a appelé ce matin... Je suis sur la brèche afin d’évaluer la situation dans le détail, de ne pas subir son évolution et de faciliter les échanges. Le discours du gouvernement sur cette question manque singulièrement de cohérence, ou alors elle est cachée. Restez chez vous d’un côté. Allez travailler de l’autre. Avec des incitations déraisonnables à rompre le confinement tandis que se durcissent les contrôles et les sanctions. Une journaliste de France Info m’a même interrogé sur le recours au traçage numérique pour les personnes porteuses du virus, semble-t-il envisagé par certains du côté du gouvernement. Franchement, ce n’est pas avec ces méthodes intrusives, liberticides et infantilisantes qu’on s’en sortira. Il faut clarifier les messages et ne pas céder au dumping, puisqu’il semble que des multinationales en Europe et peut-être des Etats essayent de maintenir leur effort de production bien au-delà du nécessaire pour prendre des parts de marché. Cela appelle une offensive européenne claire pour ne pas jouer à ça.
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Entre le suivi de la séance à l’Assemblée d’hier, les courriers, les échanges avec les uns et les autres pour bien appréhender les enjeux, les projets de plus long terme, notamment sur les retraites, ont attendu que la soirée soit bien avancée. Aujourd’hui, voici quelques réflexions un peu plus en recul, qui valent ce qu’elles valent.
« Nous sommes en guerre », a martelé le président de la République lors de sa dernière intervention télévisée, et à chaque fois, le mot m’a fait frémir un peu plus. Un peu de temps a passé et cela m’autorise à y revenir sans être accusé de vouloir faire de la polémique. Simplement pour réfléchir. Je ne dirais pas ça. Je vois bien qu’on peut facilement se laisser emporter à parler de la sorte, pour s’affubler d’un costume de héros, de soldat ou de maréchal. Mais à mon sens, c’est mal nommer ce moment et c’est mal décrire ce que nous devons faire. Les mots en disent long sur la façon dont nous sommes au monde et sur notre imaginaire. Ça compte, l’imaginaire en temps de crise. Le vocabulaire guerrier est pourtant bien souvent utilisé dans la vie courante, pour se faire comprendre et il n’est pas dans mon esprit de rechercher une forme de police pacifiste du langage qui doit aussi pouvoir dire la violence de l’existence, du réel et des sentiments. Et certains pourront argumenter, déployer tout le champ lexical qui va avec la guerre pour étayer : le front et l’arrière, l’ennemi, la discipline… Dans la guerre, cependant, il y a un conflit, un différend, des ennemis, des offensives. Je n’en vois pas vraiment trace. On peut toujours dire que le virus est notre adversaire mais il n’est pas de même nature que nous.
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Les questions arrivent toutes en même temps. Dans la période de repli, il faut particulièrement se soucier celles et ceux qui sont dans la difficulté en temps « normaux », s’il est juste de parler ainsi, les familles qui n’avaient pas de quoi payer la cantine, celles et ceux qui n’ont pas de logement, les privés d’emploi subissant la réforme de l’assurance chômage, les résidents des EHPAD… Et dans ce confinement, veiller contre les violences faites aux femmes et intra-familiales.
Chacune et chacun s’interroge à la fois sur le présent le plus immédiat et sur l’avenir qui se charge d’incertitudes. Ce matin, j’écris au PDG d’ArcelorMittal pour qu’il précise ses intentions et au ministre de l’économie et des finances pour que l’Etat suive de près l’évolution de la situation.
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